- Publié à l’origine le 21 novembre 2011 dans mon ancien blog désormais disparu, cet article est restauré ici le 29 janvier 2013.
- Le texte a été modifié lors de sa republication.
D’après l’article : http://fr.news.yahoo.com/images-jouets-vintage-particuli%C3%A8rement-dangereux-170902163.html
Les kits, au début du XXe siècle, étaient des jeux de bricolage complexes qui sont aujourd’hui considérés comme dangereux… Comme par exemple un kit pour le soufflage du verre, et un kit pour couler du plomb pour mouler des soldats de plomb, ainsi qu’un coffret contenant une scie circulaire.
Autrefois, les jeunes étaient probablement plus responsables que les gamins actuels. Les jeux d’antan étaient l’objet d’une surveillance attentive et responsable des parents eux-mêmes.
Le zèle sécuritaire a conduit à supprimer toute la subtilité des jeux dont le but était de forger des vocations pour des métiers, pour former les jeunes à une vie adulte.
Maintenant, avec l’invasion des objets chinois à travers des jouets de plus en plus infantilisants, la jeunesse ne bricole plus, et s’adonne préférentiellement aux mondes virtuels qui ne font pas de mal (du moins en apparence). Est-ce que les jeux vidéo rendent violents et bêtes ? Je ne le sais pas, je n’ai aucune réponse à ce sujet. Le fond n’est pas de stigmatiser la jeunesse, en portant un jugement sur elle. L’enjeu c’est l’éducation.
La jeunesse n’apprend plus à vivre la vraie vie, coupée des réalités. Mais je n’irai pas jusqu’à généraliser. Les jeunes ne sont pas tous pareils.
La diabolisation des jeux éducatifs et créatifs d’autrefois est quand même une belle hypocrisie, en comparaison de la violence extrême des jeux vidéo de notre époque. La violence, l’apologie du crime, ça a remplacé la créativité, la responsabilité, ça a remplacé la maturation vers une vie d’adulte. Les jeux actuels sont parfois malsains ou infantilisants, c’est selon. Je vois dans les jeux d’autrefois une façon ludique d’apprendre utilement un métier.
Est-ce que c’est parce que la mentalité de la plupart des jeunes a mal évolué que les jeux sont devenus de plus en plus aseptisés ? Ou est-ce l’évolution même des jeux qui a transformé la mentalité d’une partie de la jeunesse, que certains veulent voir de plus en plus infantilisée avec par exemple des conneries comme des docu-fictions sur la fin du monde sur Youtube ? Pourquoi donc faire de nos enfants des moutons crédules et imbéciles ? À trop protéger la jeunesse et aseptiser l’éducation, on ne fait que fragiliser un système.
Si les bricolages dangereux d’autrefois avaient systématiquement provoqué des accidents tragiques, alors la génération du « baby-boom » aurait due être décimée par ces jeux, et pourtant c’est la génération la plus nombreuse que l’humanité ait connue.
De plus, à l’époque les parents surveillaient leurs enfants, pas comme maintenant où le bien-être des parents (divorce, famille recomposée…) passe avant l’éducation des enfants, une époque actuelle où les gosses se surveillent tout seuls eux-mêmes… Parents démissionnaires et enfants-rois… Pas tout le monde évidemment, mais c’est tendance.
Comme d’habitude, les articles de Yahoo contournent l’essentiel des problèmes, et pose la problématique à l’envers, en ne parlant pas des choses concrètes que je viens de souligner.
Me concernant, j’ai connu l’âge d’or des années 70 avec le Légo, jeu qui a marqué mon enfance. C’est un jeu «Made in Denmark» qui développe la créativité, mais quand on grandit, on a besoin de s’adapter à des choses plus complexes et concrètes. C’est naturellement que je me suis intéressé au jeu Meccano, avec ses objets métalliques. J’ai cependant eu des regrets, car les options avancées du Meccano en font un jeu assez cher, notamment pour les applications électriques auxquelles je n’ai pas pu profiter. J’aurais adoré construire un télégraphe sans fil (TSF) par exemple. Ensuite, je me suis intéressé à la chimie et la biologie mais les kits pour la jeunesse à l’époque étaient déjà soumis à des normes qui ont ôté tout l’essentiel de ce qui fait la chimie, le jeu étant réduit au strict minimum il était alors très incomplet. C’est naturellement que j’ai eu une vocation de chimiste quand j’étais collégien, puis j’ai finalement obtenu un bac technologique de sciences et techniques de laboratoire. À l’époque, ma motivation n’était pas spécifiquement pour des aspirations professionnelles afin de faire de la chimie mon métier, mais pour apprendre et comprendre la chimie à fond, car les jeux éducatifs de mon époque m’ont laissés complètement frustré et insatisfait, j’avais très soif de connaissances. J’avais tenu bon, je voulais comprendre les sciences et j’ai réussi. D’autres, à ma place, nombreux, auraient laissé tombé les sciences depuis longtemps, dès leur enfance, parce que des jeux très limités en applications ne suscitent pas l’intérêt et n’éveillent pas de motivation pour susciter des vocations. Ma motivation avait été mûrie par l’insatisfaction, parce que ma soif provint du fait que je lisais beaucoup ma bibliothèque : les livres de sciences parlaient de trucs concrets, mais la pratique selon moi ça doit compléter nécessairement l’aspect théorique.
Ceux qui ne lisent pas ne peuvent pas ressentir de motivation si les aspects pratiques sont limités et qu’ils ne connaissent pas les aspects théoriques parce qu’ils ne lisent pas.
De nos jours, à l’école, beaucoup apprennent à travers des cours et des livres, mais combien sont ceux qui apprennent régulièrement au moyen d’expériences scientifiques ? Hein ?
Les vrais jeux sont l’apprentissage de la vie, avec ses joies mais aussi ses risques. Si certains veulent offrir des jeux intelligents à leurs enfants, et ceci sans le moindre danger, alors il faut faire des mathématiques : la réflexion pure et la seule activité intellectuelle n’a jamais tué personne.
Le fond du problème avec les jeux, c’est parce que l’on ne prend pas assez de temps pour informer les jeunes sur la limite entre l’amusement et le danger. Il faut passer du temps avec les jeunes. Faire de façon à ce que l’envie de vocation vienne d’eux-mêmes, sans les y contraindre.
De nos jours, l’influence de la technologie, comme le GPS, l’I-phone, la tablette tactile, la console de jeux (et autrefois la célèbre Game-Boy), fait que la jeunesse ne consacre plus de temps à observer et comprendre la Nature.
Autrefois, les jeux ne faisaient pas de démarcation entre enfance/adulte, car les jeux ont un rôle pour l’éducation et les vocations. C’est ainsi que certains dans leur jeunesse ont joué à de vrais jeux éducatifs et ont pris goût au travail en jouant, pour devenir par exemple un habile maître verrier, ou un ouvrier à la fonderie, ou un chimiste par exemple.
Je le dis sérieusement. Avec les jeux actuels devenus infantilisants et immatures, à la limite même de la débilité pour la plupart si l’on y regarde bien, comment la jeunesse peut-elle développer un goût ou une motivation pour un travail et donc avoir un avenir ?
Il suffit de demander aux anciennes générations de ce qu’elles pensent de la jeunesse actuelle : « ils ne sont pas débrouillards, ils ne veulent plus rien foutre, ce sont des bons à rien, ils se droguent, ils s’abrutissent avec les jeux vidéo… » Ça, je ne l’ai pas inventé. C’est un triste constat.
C’est un jugement dur, un jugement offensant qui n’est pas mérité pour la plupart des jeunes. Les jeunes ne sont pas tous comme ça. Les jeunes ne doivent pas être pris pour cibles. Le fond du problème vient de la dégradation du système éducatif et de l’industrie du jeu.
Je voudrais dire une chose : à force de sécuriser les jeux pour protéger les jeunes, ceux-ci chercheront d’autres moyens pour s’amuser dangereusement mais là c’est sans surveillance des parents… Quand il y avait des jeux, au moins les parents savaient qu’il y avait une surveillance responsable à assurer. Maintenant les jeunes trouvent des recettes bien trop dangereuses sur internet sans avoir la moindre idée des risques et sans la moindre connaissance pour réaliser des expériences pyrotechniques. Les jeux d’autrefois étaient encadrés et responsabilisants, eux.
Ce que je trouve très grave à notre époque, c’est la plupart des jeunes qui a tendance à ne plus savoir distinguer le réel du virtuel. Peut-être que les jeunes croient-ils ressusciter comme Super Mario comme dans un jeu vidéo quand une vraie bombe leur aura pété dans la tronche ? Un geek ne se réveille pas le matin, en réalité il respawn. 😀
- Je peux dire que je connais le degré de danger des substances détonantes, et si j’ai un conseil à donner, c’est qu’il ne faut pas en fabriquer ni les utiliser (d’ailleurs c’est illégal), sinon c’est de la folie pure. La mort ou la mutilation n’est pas un jeu. Autrefois, les jeux pouvaient être dangereux mais ils étaient l’objet de la surveillance parentale. Mais quand la jeunesse découvre une activité dont les dangers dépassent le caractère ludique d’un jeu conventionnel, les parents ne le savent pas forcément. L’interdit est légitime quand il ne s’agit plus d’un jeu, c’est évident.
- À ceux qui s’intéressent à la chimie ludique, voici la première règle capitale que l’on apprend en laboratoire : en chimie, on opère toujours avec de petites quantités !
Mais lorsque des jeux ont un rôle éducatif de premier ordre, la surprotection sécuritaire est disproportionnée. C’est priver la jeunesse de repères éducatifs. Notre époque signe la mort de la créativité et de l’inventivité.
On arrive à un point où les plus jeunes sont des victimes d’un système démissionnaire qui ne sait plus offrir des solutions d’éveil.
Autrefois, les jeunes découvraient les limites plus tôt. De nos jours, les gamins ont 10 ans de retard, ils ont du mal à comprendre, ne s’intéressent plus à l’école, 20% des jeunes ne savent pas bien écrire à l’entrée au collège…
À quoi ressemblaient les jeux d’autrefois ?
Parmi les jeux d’autrefois, il existait un mini fer à repasser (un vrai) pour petites filles, elles apprenaient à repasser les mouchoirs, et surtout elles apprenaient à faire attention, c’est-à-dire apprendre par soi-même les risques (sous surveillance parentale). De nos jours, une partie de la jeunesse ne sait rien faire et n’apprennent aucune limite entre imaginaire/réalité et danger/sécurité. De nos jours, la playstation remplace le dialogue entre les enfants et les parents. Il y a un réel manque de communication. Est-ce parce qu’on a moins de temps à consacrer aux jeunes ? Pas vraiment. De 60 heures hebdomadaires vers 1900, on a atteint les 35 heures hebdomadaires en France ces dernières années.
Je pense que la nature des jeux utilisés a une influence sur l’avenir des jeunes. En bien ou en mal. Tout dépend du choix que l’on fait.
- Je vous laisse rechercher quels étaient les jeux utilisés par Richard Feynman (physicien américain, 1918-1988) sachant que c’était des jeux scientifiques. Cet homme devint un brillant scientifique et il eut le prix Nobel de physique en 1965. Il a écrit des livres, ses fameux cours de physique. Son goût pour les sciences viennent de son intérêt pour les jeux qu’il a utilisé dans son enfance, grâce à la bienveillance de son père qui aimait lui-même les sciences.
- Également je vous laisse rechercher la nature des jeux utilisés par Thomas Edison dans sa jeunesse. Il est devenu un grand inventeur et un habile industriel, il fut passionné par ses projets jusqu’à la fin de sa vie, jusqu’à son dernier souffle.
De nos jours, on a l’impression que faire des expériences scientifiques, pour apprendre, est devenu un interdit pour raisons de sécurité. On a même l’impression que pour certains il s’agit de choses ringardes… Si ça continue dans cette direction, bientôt il faudra demander la permission de s’informer aux ONG totalitaires… Évidemment, comme je l’ai dit plus haut, les explosifs ça dépasse la limite de ce qu’est un jeu. On peut faire de la chimie avec des moyens complexes (autres que les explosions, bien sûr), des moyens ayant leurs propres risques (voire même sans risques), mais sans danger si les conditions de réalisation sont respectées.
- En ce qui concerne la nature des jeux actuels, je vais examiner la valeur des jeux scientifiques. Par exemple, le jeu «C’est pas sorcier — Les forces de la nature» présente un intérêt ludique sérieux car il se base sur des expériences météo concrètes. Le jeu «C’est pas sorcier — Teste ta vision» permet de réaliser des expériences d’optique, là aussi c’est un jeu sérieux et valide. Les kits actuels de 150 à 200 expériences de chimie, par exemple, peuvent présenter un intérêt ludique satisfaisant. Les jeux sur les énergies alternatives sont intéressants mais ne doivent pas servir à favoriser idéologiquement la diabolisation du nucléaire qui reste une nécessité énergétique majeure. Il serait intéressant de faire comprendre aux jeunes combien il faut réunir en matériel pour construire des moyens d’énergies renouvelables afin de remplacer le nucléaire, et leur faire prendre conscience si c’est réaliste ou pas. La science commence avant tout par des définitions, notamment les unités d’énergie : le kilowatt-heure, le joule, la calorie ; il faut permettre la comparaison de grandeurs quantitatives, c’est le principe élémentaire de la science. Faire comprendre les bases élémentaires de la thermodynamique est aussi important. La question à se poser, c’est comment remplacer le nucléaire, c’est-à-dire comment faire pour produire autrement les 410 à 540 milliards de kWh annuels qui sont nécessaires pour fournir le réseau électrique, de façon réaliste et fiable ?
- Mon bilan sur les jeux scientifiques : les jeux basés sur l’émission «C’est pas sorcier» sont parmi les plus intelligents, ils montrent une démarche sincère et honnête d’éducation. Cependant, parmi d’autres jeux, pour les jeunes de 7 ans, l’intrusion de l’idéologie écolo peut présenter des dérives qui doivent alerter la vigilance parentale. Un jeu qui contient un slogan comme «Pour apprendre à économiser l’énergie et à contribuer à la sauvegarde de notre planète» avec des jouets en forme d’éoliennes est une doctrine politique, pas une théorie scientifique. Les jeunes ont droit à une éducation saine permettant leur esprit critique, mais pas à une tentative d’endoctrinement politique. C’est aujourd’hui ce 21 novembre 2011 que je découvre par hasard l’intrusion de l’écologisme même parmi les jeux éducatifs, décidément ils appliquent tous les moyens pour prendre le pouvoir… En allant jusqu’à embrigader la jeunesse… Parfois, des enfants de 4 ans sont initiés à un hold up au moyen d’un jouet : http://fr.news.yahoo.com/bo%C3%AEte-jeu-playmobil-repr%C3%A9sentant-braquage-banque-fait-pol%C3%A9mique-123309159.html Les jouets ont perdu leur rôle éducatif. Les fabricants de jouets sont responsables, mais les parents acheteurs eux aussi. Dans une marque de jouets, il y a du bon comme du mauvais, et mieux vaut retenir les jeux dont la finalité soit intelligente et constructive.
- Dans ce site : http://www.sciencepresse.qc.ca/blogue/2011/11/15/discutez-nos-experts-quand-science-devient-jeu-video je découvre une vulgarisation des sciences par l’intermédiaire des jeux vidéo. Jusqu’à une certaine limite, le concept est intéressant, mais je pense qu’il ne doit pas remplacer ce qu’est vraiment la science : l’expérimentation scientifique, à travers l’expérience directe du réel. La remise en question du fait que «la science est une affaire de blouses blanches enfermées dans un laboratoire» ne doit pas conduire à une redéfinition moins objective de la méthode scientifique. Pour ma part, j’estime que les expériences scientifiques sont loin d’être ennuyeuses et présentent un intérêt autant qu’un plaisir, surtout lorsqu’on essaie de réfuter des hypothèses en recherchant des contre-exemples sous forme de preuves expérimentales. Je considère que si les jeux vidéo peuvent sensibiliser les jeunes à s’intéresser aux sciences, et peut-être à créer des vocations, mais il ne faut pas que ce support remplace la science sinon ce serait trahir la méthode scientifique. Faire de la science c’est activement mettre la «main à la pâte», la science est l’action sur le terrain, la science n’est plus de la science si elle est réduite et simplifiée par des moyens de substitution. Si la vulgarisation scientifique se présente sous diverses facettes, par la presse ou par le jeu par exemple, il serait intéressant d’aller plus loin, en comparant des méthodes d’exploration du réel entre elles dont la méthode scientifique : les jeunes doivent aussi connaître et apprendre par eux-mêmes la valeur des critères épistémologiques qui sont le fondement de la science moderne, pour moi c’est quelque chose de très important à notre époque soumise à diverses influences qui brident abusivement l’esprit critique quotidiennement. Pour moi, il est clair que la méthode scientifique et l’expérimentation peuvent être un jeu, et c’est un jeu sérieux et utile. Mais de là à ce que des jeux vidéo prennent le risque de remplacer l’expérimentation directe, il peut y avoir un danger idéologique et conceptuel si la simulation s’éloigne peu à peu de la méthode scientifique et de la réalité…
- « Si nous avions un vrai système d’éducation, on y donnerait des cours d’autodéfense intellectuelle. » (Noam Chomsky)
© 2011-2013 John Philip Manson
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